23.11.11

Les Petits plaisirs

La vie est chose grave, enfants ; vous l'apprendrez trop tôt, hélas ! mais il serait injuste de ne pas reconnaître qu'elle a aussi ses joies et ses plaisirs. Les plaisirs sont relatifs et dépendent beaucoup de nous ; il en est de même du bonheur. Telle personne se réjouira dans une occasion que telle autre laissera passer inaperçue. Que de petits événements dans notre vie qui pourraient se changer pour nous en plaisirs si nous voulions les considérer comme tels ! Une promenade dans les champs, une petite amélioration dans nos arrangements domestiques, une surprise préparée à quelque membre absent de notre famille, l'emplette d'un objet que nous désirions depuis longtemps... enfin, chaque petit incident agréable qui amène de la variété dans notre vie, pourrait devenir une source de plaisirs. Bienheureux ceux qui gardent jusque dans l'âge mûr la simplicité de l'enfance !

Ceux qui sont constamment à la recherche d'une nouvelle jouissance, trouvent certainement peu d'attraits aux plaisirs simples et purs ; car ceux-ci perdent tout leur charme dès que l'on s'écarte de ce principe sacré : d'abord le devoir, ensuite le plaisir !

Quelle source inépuisable de joies la nature n'offre-t-elle pas à ceux qui savent la comprendre et l'aimer ? Ils n'ont pas besoin de ces vues magnifiques, de ces spectacles grandioses qui font battre le cœur des êtres les plus froids : quelques arbres touffus, quelques buissons en fleurs suffisent pour leur causer un moment de joie sincère. Nous sommes souvent trop portés à nous détourner des plaisirs qui s'offrent à nous chaque jour, soupirant après d'autres que nous ne pouvons nous procurer. Combien de personnes n'y a-t-il pas, qui brûlent du désir de voyager au loin et qui envient le sort de ceux auxquels leurs moyens et leur temps permettent de quitter leur patrie pour parcourir des pays étrangers !...

Mais jouissent-elles seulement comme elles le pourraient, de ces petites excursions que chacun peut s'accorder de nos jours ? Habitant la ville, savent-elles apprécier comme elles le devraient une promenade de quelques heures dans la campagne ou une journée passée dans un jardin ? Méprise-t-on ces plaisirs parce qu'ils sont trop simples ou trop ordinaires ? Pour un esprit cultivé ou observateur, il n'y a guère d'incidents dans la vie, ni d'objets extérieurs qui ne puissent éveiller des réflexions utiles, ou quelque bon sentiment qui porte ses fruits dans l'avenir.

Si vous cherchez de petits plaisirs avec un petit esprit, vous vous plairez aux cancans de vos voisins, aux frivolités de la toilette, à mille petites choses qui empoisonnent le cœur et la pensée ; mais ce n'est point ainsi que je voudrais vous voir jouir des petits plaisirs : Détournez-vous de tout ce qui est bas et vil, indigne de vous ; mais ne dédaignez pas ces petites fleurs simples et modestes qui s'épanouissent au bord du votre sentier, et dont Dieu vous permet de jouir d'un cœur content et pur ! Nous avons tous quelqu'un à aimer, quelqu'un auquel nous pouvons donner du bonheur ; et dans tous les pays, et dans tous les climats, il y de beaux jours où la nature entière semble sourire, où le soleil nous éclaire de ses rayons les plus joyeux !

Tiré du Savoir-faire et le savoir-vivre, de Clarisse Juranville

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