Les bons et les mauvais caractères

Une femme acariâtre est née pour son propre malheur comme pour le malheur des autres.

Avoir un bon caractère, c'est posséder en soi le gage le plus assuré du bonheur ici-bas.

La personne douée d'un bon caractère vit en paix avec tout le monde; elle est indulgente, bienveillante pour tous; elle ne s'irrite pas des épreuves, des contradictions, prend le bon côté des choses et est toujours disposée à être agréable aux autres. On vit, autour d'elle, dans une atmosphère de joie sereine et de douce tranquillité; elle a toujours le sourire sur les lèvres, parce que la sérénité des traits et le sourire sont les reflets d'un bon cœur.

La femme qui a un caractère acariâtre, difficile, est au contraire pour ceux qui l'entourent la cause d'un tourment perpétuel. Pas une heure de calme pour les malheureux qui ont à la supporter. Elle trouve à redire à tout, n'est jamais contente de rien, se plaint sans cesse des autres et d'elle-même. Elle est maussade et rechignée et n'est de l'avis de personne. Si l'on dit blanc, elle soutient noir; si l'on parle des gens, elle dit du mal de ceux dont on dit du bien et elle vante ceux que l'on blâme. Elle est susceptible, le moindre mot contradictoire l'irrite et l'exaspère. Avec une telle personne la vie se passe dans les taquineries, les bouderies et les querelles; c'est un véritable enfer; cent fois le jour on se dit tout bas: Mon Dieu, quel être insupportable, quel fardeau!

Une mère prudente et sage, lorsqu'elle veut marier son fils, ne demande pas d'abord si la jeune fille qu'elle recherche pour bru est riche, jolie, spirituelle; elle s'inquiète avant tout de savoir si elle a un bon caractère, et elle a parfaitement raison. La beauté, la richesse, l'esprit ne sont pas certes à dédaigner; mais sans ces dons le bonheur peut exister dans un ménage, tandis qu'il est impossible avec une femme d'un mauvais caractère.

Une jeune fille douée d'un heureux caractère est aimée de tous. Si, parmi ses sœurs et ses frères elle remarque un sujet de discorde, vite elle met la goutte d'huile ou le baume sur la plaie, elle prévient les difficultés, adresse un sage conseil à celui-ci, apaise celui-là, fait cesser les malentendus et ramène la paix et la confiance. L'heureux caractère a pour base la bonté, et la bonté c'est la vertu qui nous rapproche le plus de Dieu, celle que les hommes apprécient et estiment toujours, la seule où, ce me semble, l'excès est permis. Faire des actes de bonté, c'est jeter sur le chemin que l'on doit parcourir la semence de fleurs brillantes, suaves et parfumées qui embellissent et charment la route. Soyez donc bonnes, enfants, et vous serez heureuses.

– Tiré du Savoir-faire et le savoir-vivre, de Clarisse Juranville