26.2.14

Prière d'un soldat

En 1972, un journal clandestin de la Samizdat publia le texte d'une prière. Celle-ci avait été trouvée dans le manteau d'un soldat russe, Aleksander Zatzepta, qui l'avait composée quelques instants avant la bataille au cours de laquelle il perdit la vie dans la Seconde Guerre mondiale :

"O Dieu, entends-moi ! Jamais de ma vie je ne t'ai encore parlé, mais aujourd'hui je ressens le besoin de t'adorer.

Tu sais que depuis mon enfance même ils m'ont toujours dit que tu n'existes pas... Et moi, stupide, je les croyais.

Je ne me suis jamais émerveillé de tes grandes œuvres.

Mais ce soir j'ai levé les yeux depuis une tranchée jusqu'au ciel plein d'étoiles au-dessus de ma tête!

Et fasciné par leur brillante magnificence ; tout à coup j'ai compris comme est terrible la tromperie ...

Je ne sais pas, O Dieu, si tu me donneras la main. Mais je dis ceci, et tu comprends.

N'est-ce pas étrange, qu'au milieu d'un enfer terrible la lumière m'apparaisse et que je t'aie découvert ?

A part cela je n'ai rien à te dire. Je suis content simplement parce que je t'ai connu.

A minuit nous devons attaquer, mais je n'ai aucune crainte, tu veilles sur nous.

C'est le signal. Je dois partir. C'était merveilleux d'être avec toi. Je veux te dire aussi, et tu le sais, que la bataille sera difficile : il est possible que cette nuit même je vienne frapper à ta porte.

Et bien que jusqu'à maintenant je n'aie pas été ton ami, quand je viendrai, me laisseras-tu entrer ?

Mais qu'est-ce que cela ? Est-ce que je pleure ?

Mon Seigneur Dieu, tu vois ce qui s'est passé : ce n'est que maintenant que j'ai commencé à voir clair ...

Adieu, mon Dieu, je m'en vais. Il n'est guère possible que je revienne.

Etrange ; la Mort ne m'inspire plus de crainte maintenant."

(Traduit par Jim Christensen du russe vers l'anglais, puis par moi de l'anglais vers le français)

25.2.14

Vertu, pleure si je meurs

Quelques mots poignants d'André Chénier à la veille de sa mise à mort.

Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
Anime la fin d'un beau jour,
Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre.
Peut-être est-ce bientôt mon tour ;

Peut-être avant que l'heure en cercle promenée
Ait posé sur l'émail brillant,
Dans les soixante pas où sa route est bornée,
Son pied sonore et vigilant,
Le sommeil du tombeau pressera ma paupière !
Avant que de ses deux moitiés
Ce vers que je commence ait atteint la dernière,
Peut-être en ces murs effrayés
Le messager de mort, noir recruteur des ombres,
Escorté d'infâmes soldats,
Remplira de mon nom ces longs corridors sombres.

Et le poème, plus long, se clôt par une apostrophe grave :
Toi, Vertu, pleure si je meurs.

A Fanny malade

Quelquefois un souffle rapide
Obscurcit un moment sous sa vapeur humide
L'or, qui reprend soudain sa brillante couleur :
Ainsi du Sirius, ô jeune bien-aimée,
Un moment l'haleine enflammée
De ta beauté vermeille a fatigué la fleur.

De quel tendre et léger nuage
Un peu de pâleur douce, épars sur ton visage,
Enveloppa tes traits calmes et languissants !
Quel regard, quel sourire, à peine sur ta couche
Entrouvraient tes yeux et ta bouche !
Et que de miel coulait de tes faibles accents !

Oh ! qu'une belle est plus à craindre
Alors qu'elle gémit, alors qu'on peut la plaindre,
Qu'on s'alarme pour elle ! Ah ! s'il était des coeurs,
Fanny, que ton éclat eût trouvés insensibles,
Ils ne resteraient point paisibles
Près de ton front voilé de ces douces langueurs.

Oui, quoique meilleure et plus belle,
Toi-même cependant tu n'es qu'une mortelle ;
Je le vois. Mais, du ciel, toi, l'orgueil et l'amour,
Tes beaux ans sont sacrés. Ton âme et ton visage
Sont des dieux la divine image ;
Et le ciel s'applaudit de t'avoir mise au jour.

Le ciel t'a vue en tes prairies
Oublier tes loisirs, tes lentes rêveries ;
Et tes dons et tes soins chercher les malheureux ;
Tes délicates mains à leurs lèvres amères
Présenter des sucs salutaires,
Ou presser d'un lin pur leurs membres douloureux.

Souffrances que je leur envie !
Qu'ils eurent de bonheur de trembler pour leur vie,
Puisqu'ils virent sur eux tes regrets caressants,
Et leur toit rayonner de ta douce présence,
Et la bonté, la complaisance,
Attendrir tes discours, plus chers que tes présents !

Près de leur lit, dans leur chaumière,
Ils crurent voir descendre un ange de lumière,
Qui des ombres de mort dégageait leur flambeau ;
Leurs coeurs étaient émus, comme, aux yeux de la Grèce,
La victime qu'une déesse
Vint ravir à l'Aulide, à Calchas, au tombeau.

Ah ! si des douleurs étrangères
D'une larme si noble humectent tes paupières
Et te font des destins accuser la rigueur,
Ceux qui souffrent pour toi, tu les plaindras peut-être ;
Et des douleurs que tu fais naître
Ont-elles moins le droit d'intéresser ton cœur ?

Troie, antique honneur de l'Asie,
Vit le prince expirant des guerriers de Mysie
D'un vainqueur généreux éprouver les bienfaits.
D'Achille désarmé la main amie et sûre
Toucha sa mortelle blessure,
Et soulagea les maux qu'elle-même avait faits.

A tous les instants rappelée,
Ta vue apaise ainsi l'âme qu'elle a troublée.
Fanny, pour moi ta vue est la clarté des cieux ;
Vivre est te regarder, et t'aimer, te le dire ;
Et quand tu daignes me sourire,
Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux.

-- André Chénier

Qu'ils sont touchants et comme ils nous charment, ces tendres vers de l'un des plus grands hellénistes français...

23.2.14

Osez aimer

Osez aimer ; risquez votre sécurité ; exposez votre cœur.

Aimer, c’est être vulnérable. Aimez, et votre cœur sera certainement fendu et peut-être brisé. 

Si vous voulez être certain de le garder intact, vous devez ne donner votre cœur à personne, pas même à un animal. Enveloppez-le soigneusement avec des passe-temps et des petits luxes ; évitez tout enchevêtrement ; enfermez-le en sécurité à l’abri du cercueil de votre égoïsme. Mais dans ce linceul, votre cœur changera. 

Assuré, dans le noir, immobile, privé d’air – votre cœur deviendra impénétrable, irréparable. Le seul endroit en dehors des cieux où vous puissiez être parfaitement à l’abri de tous les dangers et de tous les risques de l'amour… est l’enfer. 

On se rapprochera de Dieu non pas en essayant d’éviter les souffrances inhérentes et propres à l’amour, mais en les acceptant et en les Lui donnant, jetant toute armure défensive. 

S'il faut qu'un coeur se brise, et si Lui permet que cela se fasse de cette manière-là, ainsi soit-il.

-- C.S. Lewis

Elle était pâle, et pourtant rose

Elle était pâle, et pourtant rose,
Petite avec de grands cheveux.
Elle disait souvent : je n'ose,
Et ne disait jamais : je veux.

Le soir, elle prenait ma Bible
Pour y faire épeler sa soeur,
Et, comme une lampe paisible,
Elle éclairait ce jeune coeur.

Sur le saint livre que j'admire
Leurs yeux purs venaient se fixer ;
Livre où l'une apprenait à lire,
Où l'autre apprenait à penser !

Sur l'enfant, qui n'eût pas lu seule,
Elle penchait son front charmant,
Et l'on aurait dit une aïeule,
Tant elle parlait doucement !

Elle lui disait: Sois bien sage!
Sans jamais nommer le démon ;
Leurs mains erraient de page en page
Sur Moïse et sur Salomon,

Sur Cyrus qui vint de la Perse,
Sur Moloch et Léviathan,
Sur l'enfer que Jésus traverse,
Sur l'éden où rampe Satan.

Moi, j'écoutais... - Ô joie immense
De voir la soeur près de la soeur!
Mes yeux s'enivraient en silence
De cette ineffable douceur.

Et, dans la chambre humble et déserte,
Où nous sentions, cachés tous trois,
Entrer par la fenêtre ouverte
Les souffles des nuits et des bois,

Tandis que, dans le texte auguste,
Leurs coeurs, lisant avec ferveur,
Puisaient le beau, le vrai, le juste,
Il me semblait, à moi rêveur,

Entendre chanter des louanges
Autour de nous, comme au saint lieu,
Et voir sous les doigts de ces anges
Tressaillir le livre de Dieu !

-- V.Hugo, Les Contemplations

Elle avait pris ce pli

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.

Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.

Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c'était un esprit avant d'être une femme.
Son regard reflétait la clarté de son âme.

Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J'appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste !

Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

-- V.Hugo, Les Contemplations

Ne crains rien, noble femme

Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.

Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,
Emplis de dignité ton coeur religieux.

Brave le temps qui fuit. Ta beauté te protège.
Brave l'hiver. Bientôt mai sera de retour.
Dieu, pour effacer l'âge et pour fondre la neige,
Nous rendra le printemps et nous laisse l'amour.

Victor Hugo, le 1er janvier 1842, Dernière gerbe

J'aime un petit enfant

J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.

- Grand-père ? - Quoi ? - Je veux m'en aller. - Aller où ?
- Où je voudrai. - Partons. - Je veux rester, grand-père.
- Restons. - Grand-père ? - Quoi ? - Pleuvra-t-il ? - Non, j'espère.
- Je veux qu'il pleuve, moi. - Pourquoi ? - Pour faire un peu
Pousser mon haricot dans mon jardin. - C'est Dieu
Qui fait la pluie. - Eh bien, je veux que Dieu la fasse.
- Mais s'il ne voulait pas ? - Moi, je veux. Si je casse
Mon joujou, le bon Dieu ne peut pas m'empêcher.
Ainsi... - C'est juste. Il va peut-être se fâcher,
Mais passons-nous de lui. - Pour qu'il pleuve ? - Sans doute.
Viens, prenons l'arrosoir du jardinier Jacquot,
Et nous ferons pleuvoir. - Où ? - Sur ton haricot.

-- V.Hugo, Toute la lyre

J'aime l'araignée

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu'elles sont prises dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux;

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

-- V.Hugo, Les Contemplations

Insondable, immuable, éternel, absolu

Insondable, immuable, éternel, absolu ;
Face de vision ; être qui toujours crée ;
Centre ; rayonnement d'épouvante sacrée ;
Toute-puissance ayant des devoirs et des lois ;
Présence sans figure et sans borne et sans voix ;
Seul, pour prunelle ayant l'immensité sereine ;
Regardant du même oeil ce qu'un puceron traîne,
Ce que dévore un ver, ce qu'un ciron construit,
Et le fourmillement des soleils dans la nuit ;
Volonté, d'où le monde en jets vivants s'élance,
Qui pour matériaux a la nuit, le silence,
Le vide, le néant, rien ; et pour canevas
L'infini reflétant de vagues Jéhovahs ;

Pensée aboutissant, lumineuse, aux prodiges ;
Moi gouffre où tous les moi tombent, pris de vertiges ;
Essence inexprimable en qui tout se confond ;
Tourbillonnement d'ombre et de lueur au fond
D'on ne sait quoi de grand, de splendide et de sombre ;
Espèce de forêt de facultés sans nombre ;
Il est là, formidable, unique, illimité,
Stupéfiant les cieux de son énormité ;
Et, sous le porche immense et brumeux de l'abîme,
Au degré le plus noir du chaos, sur la cime,
Tous les êtres créés, en haut, en bas, partout,
Astres, globes, édens, enfers dont le flot bout,
Les rochers, les volcans, les monts, les mers houleuses,
Les âmes, les esprits, les foules nébuleuses,
La bête dans les bois, l'ange dans l'éther bleu,
Se courbent effarés devant l'horreur de Dieu.
(-- Dernière gerbe)

Pourquoi chercher plus loin des hymnes de louange ? Victor Hugo n'a pas perdu sa voix.

Dieu, qui veut qu'on aime

Moi, je préfère, ô fontaines,
Moi, je préfère, ô ruisseaux,
Au Dieu des grands capitaines
Le Dieu des petits oiseaux !

O mon doux ange, en ces ombres
Où, nous aimant, nous brillons,
Au Dieu des ouragans sombres
Qui poussent les bataillons,

Au Dieu des vastes armées,
Des canons au lourd essieu,
Des flammes et des fumées,
Je préfère le bon Dieu !

Le bon Dieu, qui veut qu'on aime,
Qui met au coeur de l'amant
Le premier vers du poème,
Le dernier au firmament !

Qui songe à l'aile qui pousse,
Aux oeufs blancs, au nid troublé,
Si la caille a de la mousse,
Et si la grive a du blé ;

Et qui fait, pour les Orphées,
Tenir, immense et subtil,
Tout le doux monde des fées
Dans le vert bourgeon d'avril !

Si bien, que cela s'envole
Et se disperse au printemps,
Et qu'une vague auréole
Sort de tous les nids chantants !

Vois-tu, quoique notre gloire
Brille en ce que nous créons,
Et dans notre grande histoire
Pleine de grands panthéons ;

Quoique nous ayons des glaives,
Des temples, Chéops, Babel,
Des tours, des palais, des rêves,
Et des tombeaux jusqu'au ciel ;

Il resterait peu de choses
A l'homme, qui vit un jour,
Si Dieu nous ôtait les roses,
Si Dieu nous ôtait l'amour !

-- V. Hugo, Les Contemplations

Spectacle rassurant

 L'une de mes premières amours, en ce qui concerne les poésies de Victor Hugo... J'ai dû la découvrir pour la première fois entre les pages de mon livre de littérature en classe de quatrième (ou peut-être l'année d'avant). C'est à ce moment-là que j'ai commencé à l'aimer, et cela ne s'est pas arrangé depuis.

Tout est lumière, tout est joie,
L'araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Ses rondes dentelles d'argent.

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux !

La rose semble, rajeunie,
S'accoupler au bouton vermeil ;
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.

Sa voix bénit le Dieu de l'âme
Qui, toujours visible au coeur pur,
Fait l'aube, paupière de flamme,
Pour le ciel, prunelle d'azur !

Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant ;
Dans les verts écrins de la mousse
Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend !

La giroflée avec l'abeille
Folâtre en baisant le vieux mur ;
Le chaud sillon gaîment s'éveille,
Remué par le germe obscur.

Tout vit, et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !

La plaine brille, heureuse et pure ;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.

18.2.14

Mère Térésa sur l'Amour

"Il faut aimer jusqu'à en avoir mal. Il ne suffit pas de dire "J'aime." Il faut mettre en oeuvre cet amour par des actions vivantes. Comment faire cela ? En donnant jusqu'au seuil de la douleur.

"Nous devons savoir que Dieu nous a créés pour des grandes choses, non pas simplement pour être un numéro parmi d'autres, non pas pour poursuivre diplômes et certificats, cette tâche-ci et ce travail-là. Nous sommes faits pour aimer et être aimés."

Joie d'être français

La joie d'être français exprimée par la plume sensible de Victor Hugo :

                                                ... Ah ! je voudrais,
Je voudrais n'être pas Français pour pouvoir dire
Que je te choisis, France, et que, dans ton martyre,
Je te proclame, toi que ronge le vautour,
Ma patrie et ma gloire et mon unique amour !

(-- L'Année terrible, "A la France")

La Jeune Tarentine

 
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d’hyménée
Et l’or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L’enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d’un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de la cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L’élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage, et dans ce monument
L’ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement.
Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.
Hélas ! chez ton amant tu n’es point ramenée.
Tu n’as point revêtu ta robe d’hyménée.
L’or autour de tes bras n’a point serré de nœuds.
Les doux parfums n’ont point coulé sur tes cheveux.

Quelques vers sublimes d'André Chénier, jeune homme, jeune victime de la Révolution, maître helléniste et ciseleur de notre langue si belle.

Comment aider les autres ?

Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème,
Je me penche vers lui. Commencement : je l'aime.
Le reste vient après. Oui, je suis avec vous,
J'ai l'obstination farouche d'être doux,
Ô vaincus, et je dis : Non, pas de représailles !
Ô mon vieux coeur pensif, jamais tu ne tressailles
Mieux que sur l'homme en pleurs, et toujours tu vibras
Pour des mères ayant leurs enfants dans les bras.

-- Victor Hugo, L'Année terrible, "A ceux qu'on foule aux pieds"

A maman

Mon coeur me dit que c'est ta fête
(Je crois toujours mon coeur quand il parle de toi) ;
Maman, que faut-il donc que ce coeur te souhaite ?
Des trésors ? - Des honneurs ? - Des trônes ? - Non, ma foi,
Mais un bonheur égal au mien quand je te vois.

-- Victor Hugo

Quelques petits vers émouvants du Grand écrivain, découverts ce matin au hasard d'une page de la Toile.

11.2.14

Théorie de l'évolution

Cette lettre est le résultat d'un projet demandé en fin d'année scolaire à une élève de quatrième qui fait ses études dans une école chrétienne. On y voit le niveau bas de la moralité enseignée dans un trop grand nombre de ces écoles où on s'attendrait à des valeurs un peu plus véridiques.

---
Le 26 juin 2010
Chers lecteurs,

Je vous écris par rapport à une théorie qui a été en discussion parmi les scientifiques depuis les débuts de son existence. Enseignée par convention dans les écoles, elle n'a jamais été prouvée. On l'appelle l'évolution de l'homme. Elle est complètement fausse, et elle a des effets néfastes sur la société.


Le plus grand problème d'accepter cet enseignement, ce sont ses implications. Quand les enfants croient qu'ils sont des singes, c'est normal qu'ils agissent mal. Toutes leurs actions leur semblent banales et sans conséquence éternelle. Si nous sommes nés du hasard, nous n'avons aucune raison de respecter les lois morales, car nous ne sommes qu'une espèce d'animaux. Nous devons lutter pour exister, exister aux dépens des autres, comme disait M. Darwin.

Voilà tout ce qu'il reste aux jeunes de nos jours, après qu'on les ait privés de Dieu. Voici ce qu'ils chantent :
« Savoir si quelque part il y a l'espoir
d'être un jour les enfants du hasard.
Je vois ma vie projetée sans futur dans l'espace
et le silence me répond ... »
« Je voue mes nuits aux blasphèmes
... aux requiems ...
Tuant par dépit ce que je sème ... »
Le christianisme, en contrepartie, nous dit que nous sommes nés d'un Dieu d'amour, nous ses enfants, lui notre Père céleste. Il nous donne un but à la vie, celui de devenir commme Dieu. Il nous donne l'espoir, la joie, une paix intérieure qui dure, une raison pour exister. De cette croyance découle tout ce qui est beau, grand, sublime. Cette croyance nous donne l'espoir, non pas "d'être les enfants du hasard" mais d'être les enfants de Dieu. Elle nous dit d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, d'être bons.

Enseigner aux enfants qu'ils viennent de singes, est en cause de beaucoup de mal. Dépression, suicide, meutre, alcoolisme, les maux de notre siècle ont sûrement beaucoup de causes. Mais il me semble que dire qux enfants qu'ils sont des animaux ne doit pas aider.

Réfléchissez, parents. Voulez-vous vraiment que vos enfants grandissent en voyant leur vie " projetée sans futur dans l'espace "? Ne serait-ce pas mieux de leur dire qu'ils sont créés à l'image de Dieu, qu'Il les aimera toujours, même si le monde entier leur tourne le dos, que la vie a un sens, que l'espoir d'être un jour les enfants de Dieu est là ?