22.11.11

Extraits de Michelet (1)

Qu'est-ce que le sein de la femme, sinon notre temple vivant, notre sanctuaire, notre autel, où brûle la flamme de Dieu, où l'homme se reprend chaque jour ? Qu'elle livre cela à l'ennemi, qu'elle laisse voler cette flamme qui est la vie de son mari, c'est plus que si elle aidait à lui enfoncer le couteau.
Nulle peine ne serait assez grave si elle savait ce qu'elle fait. ( -- L'Amour)
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Dans la vieille Zurich, quand des époux brouillés venaient demander le divorce, le magistrat ne les écoutait pas. Avant de décider, il les enfermait pour trois jours dans une chambre unique à un lit, avec une table, une assiette et un verre. On leur passait la nourriture sans les voir et sans leur parler. En sortant, au bout des trois jours, pas un ne voulait le divorce.

Ah ! dès qu'elle est une femme, dès qu'elle est douce, pas fière, tout est ami, tout s'aplanit. Les saints lui savent gré d'être humble. Les mondains en ont bon espoir. Les portes se rouvrent devant elle, et littérature et théâtre. On travaille, on conspire pour elle. Plus elle est morte de cœur, mieux elle est posée dans la vie. Les apparences redeviennent excellentes. Tout ce qui fit guerre à l'artiste, à la femme laborieuse et indépendante, est bon pour la femme soumise (désormais entretenue).
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Élever une fille, c'est une œuvre sublime et désintéressée. Car tu ne la crées, ô mère, que pour qu'elle puisse te quitter et te faire saigner le cœur. Elle est destinée à un autre. Elle vivra pour les autres, non pour toi, et non pour elle. C'est ce caractère relatif qui la met plus haut que l'homme, et en fait une religion.
[Les femmes sont faites pour vivre pour les autres.]
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La femme, si maladive et interrompue si souvent, est un très-mauvais ouvrier […]Elle n'est guère propre au travail, même en sa pleine santé.
Dans tous les lieux, dans tous les temps, le femme n'a été et n'est occupée qu'aux travaux domestiques, qui, chez les tribus sauvages […] comprennent un peu d'agriculture ou de jardinage. […]
La femme agit autant que nous, mais de tout autre manière. J'en vois qui travaillent douze heures par jour et ne croient pas travailler. Une des plus laborieuses me disait modestement : "Je vis comme une princesse. C'est lui qui travaille et qui me nourrit. Les femmes ne sont bonnes à rien."
Ce rien veut dire un travail doux, lent, coupé, volontaire, toujours en vue de ce qu'elle aime, pour son mari ou son enfant. […] 
Il faut que le travail de la femme soit pour elle de l'amour encore, car elle n'est bonne à autre chose.

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