23.11.11

La Bonne petite fille (3) : Les vieillards

TROISIEME LECTURE


DEVOIRS DES ENFANTS ENVERS LES VIEILLARDS


Les vieillards sont vos prédécesseurs dans la vie : ils ont beaucoup vécu, par conséquent beaucoup souffert ; leurs cheveux blancs sont une couronne sacrée formée par le temps et la douleur.


Attrister un vieillard, c'est attirer sur sa tête la réprobation divine.


Les vieillards ont été jeunes comme vous, vous deviendrez vieux comme eux ; on sera pour vous ce que vous aurez été pour eux.


Rien ne dénote mieux un bon coeur qu'une sainte vénération pour la vieillesse.



La perruque de M. Kergouy


HISTOIRE


C'était un jour de giboulée, le vent soufflait avec violence, fouettant le visage des passants d'une neige fine mêlée de givre. Les marchands enlevaient à la hâte leur étalage que la bourrasque menaçait d'un plongeon dans la rivière ; chaque passant courait en rapprochant de son corps, l'un son manteau, l'autre son châle ; tout le monde pressait le pas en se courbant comme pour fendre l'air.


M. Kergouy, chargé de ses quatre-vingts ans, luttait aussi, mais avec plus de peine que les autres ; goutteux, chancelant, il s'appuyait fortement sur sa canne ; on voyait que cette résistance seule absorbait toutes ses forces.


Tout à coup, une bourrasque plus violente que la première lui enlève son chapeau en compagnie de sa perruque ; l'un prend sa course à droite, l'autre à gauche, et le pauvre vieillard s'épuise en vain à la poursuite de ses couvr'chef dans leur course insensée. Ce fut une scène très-récréative pour de jeunes enfants qui sortaient de l'école. « Il l'attrapera ! disait l'un. – Il ne l'attrapera pas ! disait l'autre. – Prenez garde, monsieur, vous allez vous enrhumer du cerveau ! » disait un troisième.


Mais une bonne petite fille de huit ans se souvenant de son grand-papa, et se demandant ce qu'elle ferait si elle le voyait ainsi la risée de ces petits étourdis, ramassa le chapeau et la perruque et les remit au vieillard en le saluant profondément. « Vous êtes une aimable enfant et le ciel vous bénira, » lui dit M. de Kergouy en lui donnant une petite tape sur la jour, après lui avoir demandé son nom et son adresse.


Quelques années après, M. de Kergouy mourut, et, comme il était riche et n'avait pas de famille, il laissa toute sa fortune à l'enfant qui avait su comprendre les égards dus à la vieillesse.



CONSEILS



1° Vous respecterez les vieillards en ne riant pas de leur laideur, de leur tournure, de leur mise ; en ne voyant dans leurs infirmités qu'un titre de plus à votre bienveillance.


2° Vous devez les assister en leur prêtant votre aide s'ils en ont besoin.


3° Vous devez condescendre à leurs faiblesses en vous rangeant de leur avis, en vous soumettant à leurs goûts, à leurs fantaisies.


4° Vous devez les défendre quand on les insulte.


5° Vous ne devez jamais leur rappeler qu'ils sont vieux : on tient à la vie quand on va la quitter, de même que la veille d'un long voyage on se sent plus attaché à tous ceux qu'on laisse.


6° Ne passez jamais devant un vieillard sans vous incliner.


7° Quand vous êtes dans la rue, cédez-lui le haut du pavé.


8° Donnez-lui votre place si elle est meilleure que la sienne.


9° S'il est infirme ou fatigué, offrez-lui votre bras.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Si cela vous a plu, touché, instruit--laissez-moi un commentaire !