22.11.11

Conseils à une jeune fille

Laisse-toi conseiller par l’aiguille ouvrière,
Présente à ton labeur, présente à ta prière,
Qui dit tout bas : « Travaille ! » Oh ! crois-la ! Dieu, vois-tu,
Fit naître du travail, que l’insensé repousse,
Deux filles : la vertu, qui fait la gaîté douce,
Et la gaîté, qui rend charmante la vertu !

Sois pure sous les cieux ! Comme l’onde et l’aurore,
Comme le joyeux nid, comme la tour sonore,
Comme la gerbe blonde, amour du moissonneur,
Comme l’astre incliné, comme la fleur penchante,
Comme tout ce qui rit, comme tout ci qui chante,
Comme tout ce qui dort dans la paix du Seigneur !

Sois calme. Le repos va du cœur au visage ;
La tranquillité fait la majesté du sage.
Sois joyeuse. La foi vit sans l’austérité ;
Un des reflets du ciel, c’est le rire des femmes ;
La joie est la chaleur qui jette dans les âmes
Cette clarté d’en haut qu’on nomme Vérité.

Sois bonne. La bonté contient les autres choses.
Le Seigneur indulgent sur qui tu te reposes
Compose de bonté le penseur fraternel.
La bonté, c’est le fond des natures augustes.
D’une seule vertu Dieu fait le cœur des justes
Comme d’un seul saphir la coupole du ciel.

Ainsi, tu resteras, comme un lys, comme un cygne,
Blanche entre les fronts purs marqués d’un divin signe ;
Et tu seras de ceux qui, sans peur, sans ennuis,
Des saintes actions amassant la richesse,
Rangent leur barque au port, leur vie à la sagesse,
Et, priant tous les soirs, dorment toutes les nuits !


Extrait de « Regard jeté dans une mansarde », IX,
de VICTOR HUGO, Les rayons et les ombres, IV

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Si cela vous a plu, touché, instruit--laissez-moi un commentaire !