14.3.14

Persévérance et volonté

Je faisais de mon mieux

Charles Péguy, écrivain français, né à Orléans, mort au début de la première guerre mondiale, en 1914, rappelle ses souvenirs d'enfant travailleur.

J'avais, dès ce temps-là, bonne envie de dormir, mais je disais tous les soirs à maman de me réveiller de bonne heure le lendemain, à six heures juste, parce que j'avais à travailler. Maman n'y manquait pas ; elle-même se levait tous les matins à quatre heures, hiver comme été, pour travailler à rempailler les chaises. Elle me réveillait donc tous les jours sur les six heures, bien que cela lui fît de la peine. [...]

Je me mettais à l'ouvrage et je travaillais assidûment, sérieusement, précieusement, et aussi bien dans mon genre que maman dans le sien ; je faisais mes devoirs et j'apprenais mes leçons. [...] Je tendais toute ma volonté au travail jusqu'à ce que le devoir fût écrit sans une faute, et jusqu'à ce que la leçon fût sue par coeur sans une faute, sans une hésitation...; maman m'y encourageait, m'y aidait, m'y conduisait ; j'aimerai toute ma vie la mémoire du cher travail que je faisais dans la bonne maison chaudement travailleuse, du bon travail que je recommençais régulièrement tous les matins. [...] A sept heures et demie sonnant, je me débarbouillais, je cirais mes sabots, je me lavais les mains, je m'habillais tous les matins à la même heure et avec la même vitesse. [...]

Je repassais mes leçons quand j'en avais pour la classe du soir, ce qui n'était pas long, puisque je les avais bien apprises le matin. Alors je me remettais à mes anciens métiers, aux métiers de paille et de chaise, que je savais tous. [...] Comme écolier, je faisais de mon mieux tout ce que font les écoliers, et comme ouvrier à la maison, je faisais de mon mieux tout ce que je faisais à la maison quand je n'étais pas encore écolier. J'étais un enfant qui suffisait à deux tâches. 
Charles PEGUY, Pierre


"La plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance." – La Bruyère

"La goutte d'eau creuse le roc, mais ce n'est ni les premiers jours, ni la première année." – Fontenelle

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