3.11.17

Vie de la campagne et son bonheur en Languedoc

Heureux qui, de ses mains rustiques
Traçant de modestes sillons,
Loin des tempêtes politiques
Vit inconnu dans ces vallons !

Du mûrier cher à sa patrie
Il nourrit au fond de ses toits
Les vers changeants, dont l'industrie
File un tissu digne des rois.

Des fleurs que lui-même il cultive
L'abeille extrait son doux trésor,
Et de l'arbre où fleurit l'olive
Il fait couler de longs flots d'or.

Le chaume où s'élèvent ses gerbes,
Un épi, dit plus à ses yeux
Que l'éclat des cirques superbes
Dont Rome avait orné ces lieux.

De ces lieux même il sait à peine
Les mémorables changements ;
A ses pieds la grandeur romaine
Étale en vain ses monuments.

Il n'a point d'un oeil idolâtre
Dans Nîme observé, comme moi,
Ce merveilleux amphithéâtre
Bâti des mains du peuple-roi.

Qu'importe à sa douce ignorance?
Il bannit les voeux indiscrets.
Sur les bords qu'aima son enfance,
Il vieillit et meurt sans regrets.

Puissé-je ainsi, loin des orages
Qui m'ont si longtemps agité,
Vivre et mourir sur ces rivages
Où mes aïeux ont habité!

FONTANES

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