Ce qui est bouleversant chez Homère, ce n'est pas le côté épique, les
batailles et la gloire, c'est l'humanité, ce sont les moments de
douceur, de tendresse, de chagrin, qui n'existent dans aucune autre
épopée. Dans «les Roses de la solitude», j'évoque l'épisode des chevaux
qui pleurent la mort de Patrocle, et celui du cheval qui parle à
Achille, une seule fois, pour lui annoncer sa mort. C'est infiniment
émouvant, d'autant plus qu'il y a très peu d'épisodes miraculeux dans
«l'Iliade». La pitié a chez lui une place qui n'existe dans aucune autre
épopée. [...]
Je
suis scandalisée par ce qui se passe [dans l'enseignement]. Cette semaine encore j'ai reçu une
lettre d'un professeur de collège en Provence. Ils ont une classe de
latin et viennent d'apprendre que les crédits ont été diminués de
moitié. L’Éducation nationale est aux mains de gens qui ont des idées
étroites. Ils n'ont qu'à regarder ce qui se passe hors de
l'enseignement. Le monde antique passionne tout le monde. Saviez-vous
qu'il existe une méthode Assimil pour apprendre le grec ancien ? La
première édition a été épuisée en trois mois ! L'erreur vient de ce que
l'on considère l'enseignement comme la transmission d'un savoir utile,
et non comme une formation de l'esprit. Or le grec et le latin servent
avant tout à cela, à la formation de l'esprit. [...]
Extraits d'un interview de Jacqueline de Romilly. Propos recueillis par Catherine David. Source : "le Nouvel Observateur" du 11 mai 2006. http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20101220.OBS5016/jacqueline-de-romilly-les-grecs-ont-ete-ma-vie.html
"L'erreur vient de ce que l'on considère l'enseignement comme la transmission d'un savoir utile, et non comme une formation de l'esprit." Ô, combien ce magnifique propos ne saurait-il pas nous rappeler l'Ecriture, quand elle dit :
RépondreSupprimer"Cesse, mon fils, d'écouter l'instruction,
Si c'est pour t'éloigner des paroles de la science." Pro., 19, 27
Merci!